Le magnifique parc « du CREPS » est menacé

Un permis de construire délivré par la mairie autorise des constructions en zones protégées.

Il s’agit d’un projet poussé par la mairie, dont elle cache certains aspects à ses conseillers municipaux.

Les conséquences pourraient être, dans un deuxième temps, un autre projet avec encore des abattages d’arbres remarquables pour de nouvelles constructions dans ce splendide parc.

 Le terrain dit « du CREPS », de son vrai nom Domaine de la Petite Roseraie ou encore Parc Roland Gosselin, est un parc de 17 hectares de nature magnifique, avec des centaines de grands arbres des pelouses et des étangs, attenant au Pavillon Voltaire et à la Roseraie, splendides bâtiments anciens. Appartenant à la Région Ile de France, ce terrain est aujourd’hui entièrement alloué au CREPS, le Centre de Ressource et d’Expertise à la Performance Sportive de la région, dédié à la formation et à l’entrainement des sportifs de haut niveau.

A proximité immédiate du centre historique de notre ville, ce site, et dans lequel une riche page de l’histoire et de la culture françaises s’est écrite, est doublement protégé par une inscription officielle au titre des Monuments Historiques et au titre des « monuments naturels et sites du patrimoine culturel ». De plus le Plan Local d’Urbanisme de la ville classe la plus grande partie de ce terrain en Espaces Boisés Classés, ainsi qu’en zone N (zone naturelle) afin, précise-t-il noir sur blanc « qu’aucune construction ne vienne entraver la qualité de ces sites et les espèces qui y vivent » (1).

Il est pourtant en pleine transformation. Un permis de construire a été accordé par la ville le 28 Juillet 2022. De gros travaux (pas moins de 40 M€ (2)) sont en cours pour, officiellement, moderniser et étendre les installations sportives du CREPS en vue des Jeux Olympiques 2024. Plus de 5600 m2 de constructions neuves sont autorisées, dans un style très différent de celui du monument historique. Une partie de ces constructions sont situées en zone N (3), entrainant l’abattage d’une trentaine d’arbres, dont certains en zone N (3). Comment ce permis de construire a-t-il pu être autorisé ?

En fait, nous savons de source sûre que le CREPS lui-même n’était pas demandeur d’autant de travaux. L’information fournie par cette source est confirmée par les deux éléments suivants. D’une part, s’il avait vraiment un grand besoin de ces travaux, le CREPS les aurait demandés avant : rappelons que la désignation de Paris pour accueillir les JO 2024 date de 2017 … D’autre part, le 7 octobre 2022, le Parisien nous apprenait qu’aucune délégation française ou étrangère n’avait encore choisi le CREPS de Châtenay-Malabry pour s’entrainer lors des JO (2). Ces 40 M€ serviront-ils vraiment pour les JO ? On peut en douter.

Plusieurs informations précises nous amènent à supposer que ce projet serait plutôt une manœuvre tardive de la mairie de Châtenay-Malabry associée avec le Département des Hauts de Seine et la Région Ile de France. Les 3 collectivités, dont les dirigeants viennent du même parti politique, auraient monté toute cette opération dans un seul but : bénéficier des crédits alloués aux JO pour pouvoir récupérer environ 40% du terrain du CREPS. En effet, les travaux consistent surtout à construire de nouveaux bâtiments dans la partie Ouest du Parc (côté Avenue Roger Salengro) afin d’y transférer les activités aujourd’hui hébergées dans les locaux déjà existants dans la partie Est du Parc (côté rue Voltaire) : libérer ces locaux permettra à la Région de céder au département, de connivence avec la ville, une grande partie du parc située du côté de la rue Voltaire et de la rue des Vallées (3) (4).

La question est donc : pour quel projet la ville et le département veulent-ils récupérer cette partie du parc ?

A nos questions sur ce point, la ville a répondu qu’elle souhaite rendre cette partie du parc aux chatenaisiens pour qu’ils « profitent pleinement de cet écrin de verdure » et d’un espace alliant nature, culture et patrimoine.

Objectif certes louable, et que nous partageons pleinement.

Cependant il était possible d’atteindre ce même objectif de façon beaucoup plus simple, économe, et respectueuse de ce site. En effet, la direction du CREPS a plusieurs fois expliqué que, si le parc n’est pas ouvert aux promenades des chatenaisiens, c’est pour des raisons de responsabilité et de sécurité, par manque de budget pour quelques postes d’agents de surveillance, mais que si la Mairie acceptait de financer ces postes, le parc pourrait de nouveau être ouvert aux habitants de la ville. Cette solution n’aurait certainement pas couté 40 M€ !

L’ouverture de cet espace vert est-il vraiment le seul but de notre Mairie ?

Nous avons posé 3 fois la question suivante en Conseil Municipal : « des constructions seront-elles réalisées ? » Nous n’avons jamais eu de réponse à cette question (5). Pourtant, il aurait été si simple de répondre que la Mairie s’engageait à ne rien construire sur ce terrain …

Connaissant notre mairie, nous pouvons donc craindre le pire, en particulier sur toute la partie du terrain le long de la rue Voltaire, située en zone constructible.

Enfin, cette affaire est encore un autre triste exemple du fonctionnement autocratique de cette Mairie, qui décide en chambre sans consulter ni informer ses conseillers municipaux, et même en leur cachant ses projets (6).

Elle montre également beaucoup de mépris pour la justice, puisque les travaux continuent, alors qu’un recours gracieux contre le permis de construire des nouveaux bâtiments du CREPS a été déposé fin Septembre 2022 par l’ACPE (Association Châtenay Patrimoine Environnement) et par une riveraine du site, dénonçant l’atteinte au monument historique et au site inscrit et le non-respect du PLU, et ce recours n’est pas encore « purgé ».

Sources et documentation:

(1) Rapport de présentation du PLU, volet « Justification des Choix Retenus »

https://www.chatenay-malabry.fr/PDF/PLU/1.Rapport-de-presentation/1.3-Justifications-des-choix-retenus

Voir page 31, chapitre 4.4 Les incidences du PLU sur la faune, la flore, le patrimoine culturel et les paysages.

(2) Article du Parisien : 

https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/chinois-australiens-francais-qui-sentrainera-au-creps-pendant-les-jo-2024

(3) Le permis de construire n° 092 019 21 0029 est consultable par tout citoyen au service urbanisme de la mairie.

(4) Informations et documents reçus de sources sures proche du dossier, et confirmées par l’extrait d’un document de la Région cité au point (6) ci-dessous

(5) Nos 3 questions en Conseil Municipal sur le projet concernant le terrain « du CREPS », et les réponses du Maire, peuvent être lues dans les Procès-Verbaux des Conseils Municipaux concernés :

  • Conseil Municipal du 27 mai 2021

https://www.chatenay-malabry.fr/download/proces-verbal-de-la-seance-du-27-mai-2021/

  • Conseil Municipal du 18 novembre 2021

https://www.chatenay-malabry.fr/download/proces-verbal-de-la-seance-du-18-novembre-2021/

  • Conseil Municipal du 23 juin 2022

https://www.chatenay-malabry.fr/download/proces-verbal-de-la-seance-du-23-juin-2022/

Il faut savoir que le règlement intérieur du Conseil Municipal, imposé par la majorité à l’opposition, limite le nombre de “questions orales” à 2 par séance du Conseil Municipal. Ces “Questions Orales” sont la seule possibilité pour l’opposition d’aborder d’autres sujets que ceux prévus à l’ordre du jour fixé par le Maire. Le règlement intérieur précise que le texte de ces « questions orales » doit être transmis au Maire au plus tard l’avant-veille du Conseil Municipal, et interdit qu’un débat soit engagé après la réponse du Maire à chaque question. Toute réaction nous est donc interdite lorsque le Maire, dans son intervention, ne répond pas aux questions posées. (Et oui, c’est comme cela que fonctionne le Conseil Municipal de Chatenay-Malabry ! Vive la démocratie !)

Concernant nos 3 « questions orales » sur le projet sur le terrain « du CREPS », vous pourrez constater que nous nous efforçons de poser des questions précises et claires appelant des réponses factuelles. Malheureusement, il arrive souvent que Mr le Maire, dans sa réponse, ne soit pas avare de longues digressions qui ne lui sont pas demandées (exposés sur la richesse historique du lieu, considérations sur les termes que nous avons utilisés pour formuler notre question, …) mais ne réponde pas à certaines des questions que nous lui posons.

En l’occurrence, la question sur les constructions prévues sur la partie du terrain qui serait cédée à la ville ou au département a été posée 3 fois, et le Maire n’y a jamais répondu.

(6) La lecture de ces Procès-Verbaux prouve aussi que Mr le Maire cache délibérément des informations à ses Conseillers Municipaux.

D’une part, ce projet sur le terrain « du CREPS », important pour notre ville, n’a JAMAIS été mis à l’ordre du jour d’un Conseil Municipal par Mr le Maire.

C’est donc uniquement à l’initiative de l’opposition que ce sujet a été abordé, en y consacrant à trois reprises une des deux seules « questions orales » auxquelles nous avons droit à chaque conseil municipal.

Nous avons posé ces questions car nous avons été informés de l’existence de ce projet par un document qui nous a été transmis par une source anonyme. (Et oui, ça se passe comme cela à Chatenay-Malabry !)

D’autre part, lors du Conseil Municipal du 27 mai 2021, lorsque nous l’avons interrogé sur son projet pour la partie du terrain du CREPS qui serait rétrocédée, le Maire a laconiquement répondu que la Région n’avait encore rien cédé, et qu’il fallait attendre que les élections régionales soient passées pour reprendre contact avec la Région sur ce sujet.

Peu après, nous avons eu accès au document qui a été présenté le 22 Mars 2021 au jury charger de statuer sur les offres finales reçues par la Région Ile de France en réponse à l’appel d’offre qu’elle a lancé pour la reconstruction et la restructuration du site du CREPS à Chatenay Malabry.

Ce document mentionne clairement un « Remaniement des limites du CREPS qui implique que les 3 bâtiments de la partie Est du site devront être libérés de toute activité et transférés sur la partie Ouest du site : l’accueil, l’administration, la restauration et les locaux pour le service formation ».

Cela confirme donc les informations que nous avions.

Ce « remaniement des limites du CREPS » était connu dès le lancement de l’appel d’offre donc bien avant la réunion du 22 Mars 2021, ce qui montre que Mr Le Maire en avait connaissance lors du conseil municipal du 27 Mai 2021, mais a alors choisi de nous le cacher. (Et oui, c’est comme cela que fonctionne le Conseil Municipal de Chatenay-Malabry !)

Ce n’est malheureusement pas la première fois que Mr le Maire cache des informations à ses conseillers municipaux : voir notre article sur la géothermie à LaVallée : https://collectifcitoyenchatenay.org/enquete-lavallee-article-4-5/