Petite chronique de la vie chatenaisienne
Marchands de sable : "Bonne nuit les petits"

Dans le béton, il y a du sable, des granulats et du ciment. Pour produire du ciment, il faut chauffer du calcaire à 1400° avec du charbon ou du pétrole (émission de CO2) pour provoquer une réaction chimique émettant elle-même beaucoup de CO2. Ainsi, la production d’une tonne de ciment génère presque une tonne de CO2. Des études en cours promettent de diminuer la quantité de CO2 générée par le ciment, donc par le béton d’ici 2050. Mais en attendant, la fabrication du béton implique toujours une énorme génération de CO2. Au global, le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français. Sachant que les français doivent diviser par 5 leurs émissions de CO2 d’ici 2050, si nous voulons garder un peu de CO2 pour notre alimentation nos transports et nos loisirs, il serait peut-être préférable de remplacer la construction par la réhabilitation des bâtiments existants. Or plus de 3 millions de logements sont vacants, soit près de 1 logement sur 10, selon les chiffres de l’Insee. Sans compter les immeubles de bureaux inoccupés : l’Ile-de-France à elle seule compte 3 millions de m2 de bureaux vides auxquels se rajoutent entre 3 à 6 millions de m2 du fait du télétravail.

A Châtenay-Malabry, les immeubles poussent partout et la démolition-reconstruction est la règle et le matériau est presque partout du béton, en l’absence de charte exigeante pour les promoteurs. Des constructions apparaissent dans toute la ville dès qu’un promoteur parvient à acheter un espace. Dans le nouveau quartier LaVallée, la densité est particulièrement élevée. La mairie clame que ces constructions sont dues à une obligation de l’Etat. Il y a en effet une « obligation » de l’Etat et de la Région, mais elle n’est que de 149 logements par an pour Châtenay-Malabry, alors que la moyenne des logements commencés de 2015 à 2020 est de 400 par an soit 2,8 fois plus !

Mais ce n’est pas encore assez. Dans le quartier de la Butte Rouge, la magnifique cité-jardin, insérée par des paysagistes dans un environnement boisé remarquable et lancée dès l’avant-guerre, est considérée comme le premier vrai écoquartier en France. Et pourtant, une modification du PLU votée récemment autorise à remplacer les 3300 logements actuels par 4360 nouveaux logements. Soit un millier en plus. Mais sur les 3300 logements sociaux de départ seuls 1720 seront des logements sociaux à l’arrivée. Le reste sera en logements privés. Tout cela sera obtenu par des épaississements, des surélévations, des démolitions-reconstructions ou des constructions pures et simples. En béton bien sûr. Europa Nostra, association européenne de sauvegarde du patrimoine liée à l’Unesco, alertée par une association chatenaisienne, a envoyé trois experts de réputation internationale venant de 3 pays différents pendant quatre jours dans notre ville pour en savoir plus. Ils avaient prévu deux jours pour écouter les arguments de la mairie. Mais l’équipe municipale actuelle n’a même pas jugé utile de les recevoir !

En manque d’argumentaire béton, nos édiles ne seraient-ils que des marchands de sable ?