Pauvreté, précarité et mal-logement à Châtenay : il est possible d'agir

Un constat

Avec un taux de pauvreté de 11%, dans la moyenne départementale, notre commune compte environ 3 900 personnes en situation de pauvreté soit approximativement 1 600 familles. La pauvreté ne peut se réduire à une mesure monétaire. Elle se manifeste sous bien d’autres dimensions : des conditions d’existence difficiles, des privations, une incertitude par rapport à l’avenir, l’isolement. Elle affecte principalement les personnes seules et les familles monoparentales. Un enfant sur cinq de moins de 20 ans (20,4%) vit dans une famille pauvre. Le risque de pauvreté est très aggravé par l’absence de diplôme en sortie du système scolaire.

De nombreuses familles vivent et sont ancrées dans une grande pauvreté. A fin 2019, 623 familles ou personnes isolées vivent ou survivent avec le RSA, 34% d’entre elles depuis plus de quatre ans ! 1250 allocataires de la CAF dépendent pour plus de 50% de leurs ressources, des prestations versées, et 740  d’entre elles pour 100%.

L’emploi joue un rôle déterminant. Si le taux de chômage mesuré par le recensement de 2017 s’élève à 12% à Chatenay-Malabry, il est plus que double pour les 15-24 ans, dont un sur quatre est au chômage (26,1%). 1657 ménages touchent la Prime pour l’Activité (PPA) soit 3200 personnes représentant 12% de la population de moins de 65 ans, témoignant d’une population de travailleurs en dessous du SMIC.

La question du logement est également prégnante, car l’accès au logement est quasi-impossible dans le privé pour des ménages modestes vu le prix de l’immobilier et des loyers, et l’accès au parc social est confronté à une hausse des demandeurs avec des attributions en baisse au cours des dernières années. De plus l’accès pour les demandeurs les plus pauvres est extrêmement difficile. Le nombre de demandeurs reconnus par les services sociaux comme prioritaires ou reconnus comme tels par la loi DALO (Droit au Logement Opposable) ne cesse de croitre sans que les attributions soient conformes à la loi. Ceci se traduit par de nombreuses personnes en rupture de logements, hébergées chez d’autres ou dans leur famille et un surpeuplement accentué important.

Or en cette année 2021 Chatenay est livrée plus que jamais à la spéculation immobilière avec des prix et des loyers inaccessibles aux ménages modestes. La mixité que certains se targuent de défendre, commence par construire dans tous les quartiers un parc HLM ou des logements à un prix abordable pour ceux qui vivent simplement de leur travail. Enfin le projet de PLU qui menace actuellement l’avenir de la Butte-Rouge, se traduira par une disparition d’au moins 1500 logements « à loyers-bas  » accessibles aux plus modestes. L’expérience de 15 ans de rénovation urbaine montre que ces logements ne seront probablement pas reconstitués ailleurs. L’exemple du Plessis-Robinson a montré comment la population pauvre qui y vivait en a été chassée.

Les confinements de l’année 2020  et la poursuite de l’épidémie en ce début d’année 2021 aggravent les situations.

La période vécue en 2020 avec les deux confinements et l’impact du COVID sur l’activité économique s’est traduite par

Un impact sur l’emploi avec une diminution  des emplois précaires ou des contrats à durée déterminée et une croissance du nombre des demandeurs d’emploi (13% %pour les demandeurs de catégorie A au cours du premier semestre)  et affectant les ménages  les plus précaires et les jeunes. 

– – une baisse des ressources  et un recours accru aux aides sociales : l’aide alimentaire a augmenté de l’ordre de 50%  selon  l’association Bol d’air ou le secours populaire d’Antony et selon les données CAF consolidées   pour le premier semestre 2020, le nombre des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) , sur Chatenay-Malabry ,  a augmenté de  12,6 % alors que les bénéficiaires  d’aide au logement ainsi que de l’AAH progressaient plus faiblement (de l’ordre de 7 à 8%);

Un cumul de difficultés 

Mais ces difficultés ne sont pas que financières. Elles portent  au quotidien sur  la difficulté de se projeter dans l’avenir et se cumulent avec un isolement plus grand, isolement encore plus grand pour les victimes de la fracture numérique,  une difficulté d’accès aux services publics fermés pendant une période,   et  avec la fermeture de certains e-espaces, de difficultés dans la recherche d’emploi.

– Pour les jeunes un handicap dans la poursuite de leur scolarité, aggravé par la coupure numérique et souvent l’absence d’aide et de soutien.

Dans cette période difficile , l’impératif de solidarité doit passer au premier plan pour accompagner valablement la recherche d’emploi (mise en place d’un système de coaching organisé entre les habitants de la commune), favoriser l’aide à la scolarisation (soutien périscolaire et alphabétisation), et réduire la fracture numérique (solutions de type Emmaüs Connect). Il est impératif de soutenir les initiatives citoyennes et l’action des associations de solidarité, car toutes agissent avec et au plus près des familles et assurent un relais indispensable avec les professionnels. Si vous des projets, contactez-nous pour nous en faire part.

Par ailleurs, nous demandons que le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) renforce ses interventions pour répondre aux besoins des familles les plus démunies. Certains dispositifs sont nettement sous-utilisés aujourd’hui (le recours au fonds solidarité logement, les aides à l’énergie…) et pourraient être renforcé par le département des Hauts de Seine, d’autres sont proposés de façon trop restrictive (non reconnaissance de domiciliation, aides limitées dans le temps). Certes de nombreuses actions sont menées que ce soit par le centre Lamartine ou l’IDSU mais force est de constater qu’au-delà d’un simple décompte statistique des actions il manque une réelle analyse des besoins sociaux, et de l’efficacité réelle des actions en rapport aux besoins et aux publics visés. Au delà de l’aide accordée aux familles ou personnes seules, il faut agir sur les leviers de lutte contre la pauvreté et la précarité :,

L’action du CCAS

Le centre communal d’action sociale organise  l’action sur certains publics : personnes âgées,  handicapés, et l’instruction des dossiers d’aides sociales. Le CCAS a une activité très variée  et dans lesquelles les questions de logement sont très importantes. Nous aborderons successivement les principales  activités du CCAS concernant les publics précaires

Le CCAS a une activité de domiciliation, qui est la porte d’entrée pour l’accès aux droits sociaux. En 2019 on peut constater une augmentation de 21 % du nombre de demandes. Celle-ci peut s’expliquer par les difficultés de plus en plus marquées rencontrées par les publics précaires pour obtenir un logement, en particulier du fait du déficit de logements à très bas loyer de type PLAI. Le nombre de demandes en 2019 s’élève à 127 personnes mais souvent rejetée en raison d’un lien insuffisant avec la commune. Le profil des personnes domiciliées reste sensiblement le même d’une année sur l’autre : il s’agit à 62 % d’hommes en grande exclusion, sans enfant à charge. Pour 51% des personnes domiciliées, leurs revenus (Travail et retraites) ne leur permettent pas d’accéder à un logement stable.

Le CCAS  assure le suivi et les admissions des familles des familles hébergées à la Résidence Sociale où la commune dispose de 67 logements pour accueillir en priorité des personnes isolées ou des familles monoparentales châtenaisiennes, ou issues de familles châtenaisiennes, pour une durée maximale de deux ans. Hauts-de-Seine Habitat, propriétaire de la structure, a délégué l’accompagnement social des résidents au CCAS par voie de convention.86% des logements sont des studios. Le nombre de dossiers examinés dépassent les possibilités d’admission (33dossiers en 2019 pour 15 admis) témoignant d’un grand besoin de structures de ce type.

55% des résidents sont âgés de moins de 40 ans et 45% ont plus de 40 ans. La population hébergée est constituée de 24% d’enfants dont les âges s’étalent de 2 mois à 19 ans,

Le CCAS accorde des aides financières pour environ 150 demandes (156 demandes et 146 attributions) et portent pour un tiers sur l’aide alimentaire, un cinquième sur l’aide à l’énergie et pour le reste une grande diversité (frais d’obsèques, aides à la cantine au périscolaire, à la rentrée scolaire, etc.)

Les besoins en matière d’aide alimentaire, attribuée sous forme de Chèques d’Accompagnement Personnalisé (C.A.P) représente 35 % des aides facultatives. Le recours à l’épicerie solidaire « Bol d’Air » créée en octobre 2018, a contribué à la baisse du nombre de CAP en urgence accordés cette année (144 en 2018 contre 92 en 2019). Ce phénomène était attendu car le CCAS limite ses aides alimentaires en orientant les familles au plus vite vers cette épicerie solidaire. Les attributions restent ponctuelles et limitées en nombre sur l’année pour une même famille, l’objectif étant de répondre à une situation de rupture de ressources momentanée ou exceptionnelle (suspension de droits au RSA, arrêt des versements de prestations familiales ou encore séparation du conjoint). La collecte alimentaire et de produits de première nécessité organisée fin novembre par Bol d’Air a atteint un record, montrant que la solidarité s’exerce en cette période difficile et constitue une voie pour amortir les effets de la crise sanitaire.

L’autre poste concerne les aides à l’énergie pour 15 bénéficiaires et représentant 3221 € soit 19% du montant des aides. Le CCAS propose un montant d’aide pouvant atteindre 250 € par an et par foyer sur les dettes d’énergie. Cette participation peut être attribuée en complément du « FSL énergie » départemental plafonné à 350  € mais aussi sans sollicitation préalable du FSL. Il faut souligner que le CCAS touche une enveloppe de 3800 € du SIPPEREC (Syndicat d’électricité d’Ile de France). Dans cette période difficile cette ligne budgétaire devrait être intégralement dépensée et augmentée.

Le CCAS instruit les demandes d’accompagnement social liées au logement (ASLL) Ces aides étant attribuées par le Fonds Solidarité logement du département (FSL)

Ce fond  accorde en fonction de conditions définies par son règlement intérieur des aides financières et des mesures d’accompagnement à toutes personnes ou familles résidant ou emménageant dans les Hauts-de-Seine. L’Accompagnement Social Lié au Logement (ASLL) vise à favoriser le parcours résidentiel des personnes ou des familles éprouvant des difficultés particulières, en raison notamment de l’inadaptation de leurs ressources ou de leurs conditions d’existence, pour accéder à un logement décent et autonome, ou pour s’y maintenir.

En 2019, 22 ménages ont pu bénéficier de mesures d’ASLL dont 4 dans le cadre d’un accès au logement et 18 dans le cadre de maintien dans les lieux. L’instruction de ces actions suppose que le département donne au CCAS les moyens nécessaires. Mais il est étonnant de voir ces faibles nombre en regard du nombre de personnes en difficultés vu la faiblesse de leurs ressources. Il faut savoir qu’au cours de 2019, 600 ménages se sont trouvés au moins une fois dans l’année en situation d’impayés et que cette situation a empiré en 2020 du fait de la crise sanitaire. Or les Hauts de Seine, le département le plus riche de France, ne dépense pas son budget alloué au FSL.

Plus d’information 

https://www.78-92.fr/annuaire/aides-et-services/detail/le-fonds-de-solidarite-logement-fsl