La majorité municipale vote CONTRE l’accélération de la protection du Bois de Verrières, proposée par le CCC, alors même que la mairie de Verrières avait voté «Pour» à l’unanimité !
On peut donc craindre le pire …

Le patrimoine forestier du Bois de Verrières subit de très fortes pressions : deux associations, “Les amis du Bois de Verrières” et “Les Amis de la Vallée de la Bièvre”, constatent une urbanisation grignotante (environ 10 hectares boisés perdus en 10 ans), des coupes d’arbres accélérées, un appauvrissement de la biodiversité, des attaques sanitaires, sans parler des effets du changement climatique sur les espaces boisés.

La préservation et la conversation de ce patrimoine commun sont des enjeux majeurs, et seraient assurés de façon beaucoup plus vigoureuse par le classement du Bois de Verrières comme “Forêt de protection” qui interdirait tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol compromettant un peu plus l’intégrité du Bois de Verrières.

Les associations espéraient que le classement du Bois de Verrières comme “Forêt de protection” soit prévu dans le « PCAET » (Plan Climat Air Energie Territoire, élaboré par le Territoire Vallée Sud Grand Paris dont fait partie Chatenay-Malabry), mais cela n’a pas été le cas.

Ces 2 associations ont donc lancé il y a quelques mois une pétition pour une protection renforcée du Bois de Verrières, qui a recueilli plus de 1800 signatures, et a fait l’objet de réactions dans la presse (dont l’article du Parisien,  accessible ici).

Au Conseil Municipal de Verrières, fin Novembre 2021, un conseiller de l’opposition a proposé un vœu appelant la Mairie de Verrières à tout faire pour accélérer le classement du Bois de Verrières comme “Forêt de protection”. Après quelques modifications mineures du texte proposé, le vœu a été adopté à l’unanimité par l’ensemble du Conseil Municipal.

Les Conseillers Municipaux du CCC ont donc proposé au Conseil Municipal de Châtenay-Malabry de voter exactement le même texte lors de sa séance du 16 Décembre dernier. Le texte de notre vœu était le suivant (voir plus bas la version complète incluant les « considérants ») :

          Le conseil municipal de Chatenay-Malabry :

    • Exprime son soutien au principe du classement de la forêt domaniale de Verrières en forêt de protection,
    • Forme le voeu que celui-ci intervienne le plus rapidement possible,
    • Mandate Monsieur le Maire pour utiliser l’ensemble des moyens dont la ville dispose et demander à tous les services compétents que toutes les diligences requises soient mises en oeuvre pour parvenir à ce classement.

Contrairement à leurs collègues de Verrières (pourtant du même côté de l’échiquier politique), le maire et les conseillers de la majorité municipale de Châtenay-Malabry ont tous décidé de voter CONTRE.

Il faut dire que la Mairie de Chatenay-Malabry est souvent associée à la perte de surfaces boisées dans la forêt de Verrières (voir détail ci-dessous). C’est cela aussi, la « Ville Parc » !

Raisons invoquées par le Maire pour appeler à voter CONTRE notre vœu :

Le Maire s’est d’abord étonné que nous ayons présenté exactement le même vœu que celui présenté au Conseil Municipal de Verrières le Buisson, car “la situation géographique, l’histoire, et la sociologie des 2 villes sont différentes“. Nous ne voyons pas très bien le rapport.

Le Maire a ensuite longuement parlé de la « Ville Parc » et de l’importance de la « forêt urbaine » du Bois de Verrières, indiquant même qu’ « il est évident que le domaine forestier ne doit pas être morcelé et ne doit pas reculer face à la pression urbaine » : il nous semblait que le Maire était donc d’accord avec nous.

Puis le Maire nous a parlé d’une réunion dédiée au Bois de Verrières qui s’est tenue en octobre à la Mairie avec des représentants de la Région, du Département, du Territoire, de l’ONF (mais apparemment sans la ville de Verrières, pourtant concernée elle aussi). Lors de cette réunion, « ont été évoqués tous les projets qui concernent la ville et le Bois de Verrières : chemins sylvestres et équestres qui borderont la cité-jardin, pistes cyclables traversant le bois permettant une connexion vers l’Essonne et le Plateau de Saclay, création de voies cyclables et de mobilités douces nouvelles entre les départements de Hauts de Seine et de l’Essonne, le démonstrateur écologique … »

En contradiction avec ce qui avait été dit juste avant, le Maire a donc semblé annoncer un désensauvagement de la forêt qui pourrait devenir un parc urbain en continuité avec la ville.
Car sinon, de quels « projets » s’agirait-il ? Tout le monde sait que le Bois de Verrières est déjà parcouru par de très nombreux promeneurs à pied et à vélo qui le traversent dans d’excellentes conditions.

Finalement, arguant du fait que « le classement en forêt de protection demeure la compétence exclusive de l’Etat, et est d’ores et déjà à l’étude » et confirmant qu’il s’agit d’une « procédure longue », il a appelé la majorité à voter CONTRE notre vœu, alors que logique aurait voulu le contraire, puisque notre vœu appelait simplement la Mairie à faire son maximum pour accélérer une procédure trop longue et qui ne dépend pas que d’elle.

Pourquoi le CCC demande-t-il une protection accélérée du Bois de Verrières ?

Comme vous pourrez le lire dans notre dossier « Tram T10 » accessible ici et notre dossier « Butte Rouge » accessible ici :

  • Le plus gros grignotage récent du Bois de Verrières est dû aux 3,7 hectares rasés pour y construire le centre de remisage et d’entretien du Tram. Un autre site était possible qui aurait permis d’éviter ce massacre environnemental (tous les détails et documents au lien indiqué).

Au lieu d’accepter de sacrifier ces 3,7 hectares de forêt pour le Tram, la mairie de Châtenay aurait pu tenir tête à celle du Plessis-Robinson qui a vraisemblablement refusé d’implanter le centre de stockage du Tram dans la zone d’activité Noveos pour consacrer ce site à la promotion immobilière.

  • L’esprit de la “Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages” de 2016 est de compenser toute atteinte à un milieu naturel par une compensation en qualité et en quantité à proximité immédiate du lieu impacté par le projet.

En l’occurrence, la compensation des 3,7 hectares de forêt détruits pour le Tram a été faite au Bois des Ecrennes en Seine et Marne, situé à plus d’une heure de route de Châtenay : un espace boisé par des « arbres de peu de valeur » a été déboisé (!) pour être replanté avec des arbres plus nobles comme des chênes, et ce sans augmentation de la surface boisée.

De même, les parcelles de forêt détruites pour réaliser les 2 bretelles récentes de l’A86 ont été compensées en forêt de Fontainebleau, et sans augmentation de la surface boisée.

La mairie de Châtenay aurait pu exiger que les hectares sacrifiés pour le Tram et pour les échangeurs soient compensés par autant d’hectares reboisés sur des prairies non boisées limitrophes de la forêt. Des terrains auraient pu être préemptés avec l’aide du département et de la région, comme le terrain en face du haras qui va aussi faire l’objet d’un nouveau programme immobilier en lisière de forêt, ou celui prévu pour le démonstrateur écologique en bordure de la N118 (ce dernier aurait pu être situé ailleurs, sur le site de la fac de pharmacie par exemple).

  • En juillet, le Tribunal Administratif, saisi par des associations de défense de l’environnement pour protéger les forêts de Verrières et de Clamart sévèrement impactées par le projet de Tram T10, a annulé la Déclaration d’Utilité Publique du Tram T10 car le dossier ne respecte pas 5 obligations légales liées à la protection de l’environnement ! (Un appel est en cours)
  • Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) associé à la transformation de la Butte Rouge prévoit l’extension des immeubles situés en limite de la forêt. Cette extension en direction de la lisière du bois, est en complète contradiction avec le SDRIF (Schéma Directeur de la Région Ile de France) qui limite l’extension des constructions existantes, en imposant qu’il n’y ait pas d’avancée vers le massif boisé.

 On voit sur les exemples ci-dessus que ce sont toujours les programmes immobiliers qui l’emportent, au détriment de la forêt.

 D’où notre demande de protection accélérée pour le Bois de Verrières.

 Nos craintes quant à la réelle motivation de ce vote de toute la majorité municipale chatenaisienne CONTRE la protection accélérée de la forêt de Verrières :

Après analyse des propos du Maire, nous sommes inquiets : le vote CONTRE l’accélération de la protection du Bois de Verrières pourrait être motivé par la volonté d’avoir les coudées franches pour inclure le Bois de Verrières dans la « Ville Parc », AVANT que le futur classement en « Forêt de protection » ne puisse empêcher de telles transformations. En effet, la présence de la forêt à proximité est un atout pour les promoteurs immobiliers, un formidable argument de vente, surtout si elle est aménagée en parc urbain.…

Cette stratégie ne vous rappelle rien ?

Pour nous, cette stratégie ressemble furieusement à l’attitude hostile de la Mairie relative au classement de la Cité-Jardin de la Butte Rouge en Site Patrimonial Remarquable, classement auquel elle a dû finalement se résoudre sous la pression du Ministère de la Culture, mais qui n’interviendra malheureusement qu’APRES que la Cité-Jardin aura été en grande partie détruite, transformée, dénaturée …

Le CCC ne demanderait pas une protection accélérée du Bois de Verrières si les projets les plus utiles à la collectivité étaient menés de façon respectueuse des lois et règles édictées pour préserver notre patrimoine naturel, protéger la biodiversité et ainsi protéger nos enfants des effets du changement climatique.

Malheureusement, ce n’est pas le cas des projets menés par nos politiques locaux.  Nous ne contestons pas l’utilité sur le fond de ces projets (Tram T10, échangeurs A86). Mais nous dénonçons les modalités choisies pour leur mise en œuvre, que la mairie de Châtenay-Malabry a fortement soutenues.

 Texte complet de notre vœu :

Conseil municipal du 16 décembre 2021

VOEU DE SOUTIEN A LA DEMANDE DE CLASSEMENT DE LA FORET DOMANIALE DE VERRIERES-LE-BUISSON EN FORET DE PROTECTION

Considérant que la forêt domaniale de Verrières, forêt périurbaine au coeur de l’Ile-de-France représentant une part significative du territoire communal et à laquelle les Chatenaisiennes et les Chatenaisiens sont attachés, appartient à l’Etat et que sa gestion est déléguée à l’ONF (Office Nationale des Forêts),

 Considérant qu’elle est, notamment, reconnue pour la biodiversité qu’elle accueille, et en particulier au sein de sa réserve biologique intégrale de 42 ha, reconnue pour son entomofaune.

 Considérant qu’il convient de préserver tous les usages et toutes les fonctions de ladite forêt domaniale tant pour des raisons écologiques que pour le bien-être de la population,

 Considérant que le classement en forêt de protection constitue un enjeu tout particulier pour la Région Ile-de-France et pour les communes concernées,

 Considérant que le statut de « forêt de protection » est régi par l’article L. 141-1 du code forestier, selon lequel :

« Peuvent être classés comme forêts de protection, pour cause d’utilité publique, après enquête publique réalisée conformément aux dispositions du chapitre III du titre II du livre Ier du code de l’environnement :

…/…

2° Les bois et forêts situés à la périphérie des grandes agglomérations ;

3° Les bois et forêts situés dans les zones où leur maintien s’impose soit pour des raisons écologiques, soit pour le bien-être de la population. »

 Considérant que dans les termes de l’article L.1411-2 du même Code

« Le classement comme forêt de protection interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation ou la protection des boisements. »

 Considérant que l’action 5.2 de l’annexe 9 du Programme Régional de la Forêt et du Bois 2019-2029, prévoit de proposer de classer en forêts de protection les forêts de la proche couronne et les forêts les plus fréquentées de la deuxième couronne, et que ledit programme identifie la forêt de Verrières parmi celles à classer,

 Considérant que le conseil municipal de Verrières-le-Buisson a adopté ce même voeu à l’unanimité le 25 novembre 2021

 Le conseil municipal de Chatenay-Malabry :

  • Exprime son soutien au principe du classement de la forêt domaniale de Verrières en forêt de protection,
  • Forme le voeu que celui-ci intervienne le plus rapidement possible,
  • Mandate Monsieur le Maire pour utiliser l’ensemble des moyens dont la ville dispose et demander à tous les services compétents que toutes les diligences requises soient mises en oeuvre pour parvenir à ce classement.