Chatenay-Malabry face aux canicules
Chatenay-Malabry face aux canicules
Les canicules sont de plus en plus fréquentes, très dangereuses pour la santé et toujours meurtrières même si on n’en parle peu. Des solutions existent pour permettre aux villes de limiter leurs impacts. De nombreuses villes en France à l’étranger prennent des mesures efficaces pour protéger leurs habitants. Chatenay-Malabry fait l’inverse.
Sommaire :
Les canicules meurtrières sont de plus en plus fréquentes en France. 1
A quoi sont dues les canicules ?. 1
Comment lutter contre les canicules ?. 2
Que fait la municipalité de Chatenay-Malabry concrètement ?. 3
Que font d’autres municipalités ?. 4
Les canicules meurtrières sont de plus en plus fréquentes en France
- Le changement climatique amène des épisodes de fortes chaleurs de plus en plus fréquents.
- Liste des années de canicule en France depuis un demi-siècle : 1976 (4500 morts), 1983, 2003 (15000 morts), 2006, chaque année depuis 2015 (sauf 2021)
- La fréquence des épisodes s’accélère : 17 épisodes de canicule entre 1945 et 1999, 26 épisodes entre 2000 et 2022
- Les canicules sont très dangereuses pour la santé, et pas seulement pour les personnes âgées. Entre 2015 et 2020, plus de 7 800 décès liés aux canicules ont été enregistrés malgré l’amélioration du système de prévention.
A quoi sont dues les canicules ?
- Lors d’un épisode de forte chaleur, en ville, la combinaison de deux facteurs est à l’origine de la formation d’ « ilots de chaleur urbains ». Ce sont des zones dans lesquelles la température est beaucoup plus élevée qu’ailleurs dans les mêmes conditions climatiques. Ces deux facteurs sont :
- L’aménagement urbain : la densité des espaces sans végétaux de proximité, les places minéralisées, …
- L’activité humaine : transport, énergie, éclairage, … et climatisation (la climatisation est responsable d’une hausse pouvant aller jusqu’à 1°C du fait du rejet de chaleur à l’extérieur)
- De plus, les matériaux avec lesquels les villes sont construites aujourd’hui (béton surtout, mais aussi brique, asphalte / bitume, pierre) absorbent la chaleur en journée, et la restituent la nuit. La température ne diminue donc pas sensiblement la nuit, empêchant le corps de se remettre de la chaleur de la journée.
Comment lutter contre les canicules ?
- En réintroduisant massivement la nature de proximité en ville (arbres, espaces verts, rivières découvertes, jardins partagés, etc), et en particulier les grands arbres, dans tous les lieux possibles (places, trottoirs, cours d’écoles, friches industrielles, espaces entre les pavés, etc). Il faut aussi créer des “trames brunes”, c’est-à-dire une continuité entre tous les espaces en pleine terre : cette continuité est indispensable au développement des arbres, de la biodiversité, et à l’infiltration des eaux, …
- Dans une même rue ou sur une même place, entre une zone entièrement minéralisée, et une zone à l’ombre des arbres avec de la verdure située à seulement quelques mètres de la zone minéralisée, on peut mesurer des différences de température de 10 degrés.
- C’est la végétation à proximité immédiate qui est efficace, beaucoup plus qu’un parc situé à plusieurs centaines de mètres.
- Les arbres de grande taille apportent beaucoup plus d’ombre et de fraicheur que les petits.
- En repensant totalement les principes d’urbanisme et de construction des bâtiments
- Des biomatériaux très performants existent aujourd’hui (briques en terre crue, …). Ils permettent de très bien isoler les logements du froid l’hiver et du chaud l’été. On peut les associer à des techniques de ventilation (VMC double-flux, …). Ils permettent d’obtenir des logements passifs ou presque, c’est-à-dire ne nécessitant aucun apport d’énergie, ou un apport très faible. Par exemple, dans les logements du quartier BedZED à Londres la facture totale d’énergie (chauffage, eau chaude, etc) est limitée à 150 € annuels ! Les économies ainsi réalisées compensent très rapidement le (léger) surcout de construction.
- Les appartements doivent être traversants et leur orientation bien pensée (comme c’est le cas à la Butte Rouge, et contrairement aux appartements dans les résidences construites par les promoteurs ces dernières décennies).
- Les couleurs et revêtements (façades, volets, toits) doivent être clairs pour réfléchir la lumière (les couleurs foncées absorbent la chaleur)
- Les petits espaces verts et « dents creuses » entre 2 bâtis ne doivent plus être sacrifiés pour construire toujours plus
- Les toits et façades peuvent être végétalisés mais l’efficacité de ces solutions en terme d’isolation varie fortement en fonction de l’épaisseur, de l’apport en eau, et du type de plantes.
- Toutes les solutions ci-dessus peuvent être facilement mises en œuvre par les mairies pour les nouvelles constructions, pour remplacer le couple infernal béton + climatisation. Il suffit d’édicter une « charte » exigeant que ces solutions soient mises en œuvre dans toute nouvelle construction, et s’imposant en particulier aux promoteurs.
- En ce qui concerne la voirie, le revêtement des chaussées, trottoirs, et autres surfaces exposées au soleil doit être refait en couleur claire pour réfléchir la lumière (jusqu’à 30°C de différence !). C’est ce que font Athènes et Los Angeles
- Par d’autres solutions encore en cours d’expérimentation :
- Le fait d’asperger les rues et les surfaces les plus exposées au soleil par une fine couche d’eau non potable peut baisser leur température de 15°C. Paris et Lyon le testent, mais ce n’est pas généralisable à l’ensemble des rues.
- Les bâtiments peuvent être connectés à des réseaux de refroidissement sans rejet de chaleur (contrairement à la climatisation)
- Les panneaux solaires sur les toits, les murs, certaines façades, ou en surplomb, en plus de produire de l’énergie, procurent de l’ombre et absorbent la chaleur à la place des surfaces concernées
Que fait la municipalité de Chatenay-Malabry concrètement ?
La communication verte dont la majorité municipale nous abreuve à longueurs de pages du magazine municipal n’est qu’un vernis de façade (« greenwashing »).
Elle est essentiellement basée sur la présence de grands parcs gérés par le département, qui constituent certes un atout pour notre ville, mais qui sont loin de suffire pour répondre à la problématique des canicules et des ilots de chaleur urbains.
Dans la réalité, les décisions de cette mairie, addict aux constructions, ne font qu’aggraver terriblement les conséquences des canicules pour les chatenaisiens, alors qu’il aurait été facile de les protéger par un peu d’attention à ce sujet, de réflexion et d’anticipation.
- LaVallée : un nouveau quartier hyperdense, hyperminéralisé, intégralement en béton sur 21 hectares (mis à part l’école), sans rien exiger d’autre des promoteurs que le minimum légal en terme de norme de construction protégeant des canicules. Résultat : les études d’experts y prédisent des logements « fournaises ».
https://collectifcitoyenchatenay.org/ou-va-le-nouveau-quartier-lavallee/
- Square Robinson : un espace vert communal vendu aux promoteurs pour y faire un immeuble en béton. Un majestueux cèdre centenaire et 22 autres arbres de haute tige abattus. Pause fraicheur supprimée pour les chatenaisiens qui sortent du RER ou font leurs courses dans le quartier.
- Des centaines (milliers ?) de grands arbres situés sur le domaine public abattus ces dernières années. Ils sont remplacés par des essences plus faciles à entretenir (ne perdant plus leur feuilles …) mais de beaucoup plus petite envergure et apportant beaucoup moins d’ombre et de fraicheur. Quel gâchis ! Et ce, sans compter les multiples arbres et petits espaces verts entre deux anciens bâtis privés qui ont été détruits pour permettre les nouvelles résidences qui fleurissent de partout dans la ville.
- Menaces sur le bois de Verrières :
- Cours d’école : la nouvelle Ecole Primaire Jean-Jaurès inaugurée le 21 mai 2022 a sa cour de récréation 100% minérale sur le toit terrasse de l’école !
https://collectifcitoyenchatenay.org/cours-de-recreation-de-nos-ecoles/
- Rue Anatole France : 6 millions d’Euros d’argent public vont être dépensés pour la réfection totale de la rue (trottoirs, chaussée, mobilier urbain) :
- Sans planter un seul arbre dans une rue très longue qui n’en a aucun !!
- En remettant un asphalte noir. Il nous a été répondu que les bitumes clairs ne sont pas « dans la charte », ils seraient salissants, moins durables, et éblouissants. Pourtant, Athènes et Los Angeles les ont adoptés (voir ci-dessous)
Que font d’autres municipalités ?
- Angers : la nature est réintroduite dans tous les espaces possibles, même les plus petits : mini-jardins en pieds de façade le long des trottoirs, plantes grimpantes sur les façades, joints enherbés entre les pavés, friches industrielles. Les places minérales sont désartificialisées au maximum.
- La ville de Grande Synthe a mis en place une “charte promoteurs” avec des normes de construction des nouveaux logements plus exigeante que les normes nationales. Aujourd’hui, ils demandent des bâtiments passifs, inspirés de ceux construits dans le quartier BedZED à Londres, où les logements sont très bien isolés du froid comme du chaud, pour une facture énergétique de 150 € par an => la ville a fait construire un modèle de ces maisons sur son territoire.
- Interview passionnante du maire de la ville de Grande Synthe (23 000 habitants). Le sujet des maisons passives est évoqué de la minute 51 à la minute 54.
#13 Écologie municipale : la révolution urbaine ? Damien Carême, au Festival des Pluies de Juillet
- L’expérience du quartier de BedZED à Londres : http://carfree.free.fr/BedZed_quartier-zero-emission-sud-londres.pdf
- Athènes et Los Angeles ont remplacé leur asphalte noir par un matériau blanc réfléchissant (jusqu’à 6°C de différence mesurée)
- Séoul : la capitale de la Corée du Sud a choisi de démonter une autoroute urbaine pour découvrir une rivière enterrée et végétaliser ses berges sur plus de 8 kilomètres.
Sources et ressources
- France-Inter, émission « le débat de midi » du 17 Aout 2022 : Canicule : les villes à l’épreuve de la montée des températures
Experts invités, entre autres :
- Aglaé Jezequel, climatologue, ingénieure et chercheuse au Laboratoire de Météorologie Dynamique au sein du département de géosciences de l’École Normale Supérieure.
- Nathalie Roseau, professeure à l’école des Ponts Paris Tech et docteure en urbanisme. Elle a publié en février 2022 “Le Futur des Métropoles” chez Métis Presses.
- Canicules : dans l’enfer des villes : article très documenté de Médiapart paru le 15 juillet 2022
Lien vers le pdf
- Planter des arbres en ville peut sauver des dizaines de milliers de vies par an
https://www.notre-planete.info/actualites/4545-planter-arbres-ville-pollution-air-sante
- Les rôles de l’arbre en ville :
https://ileau.ca/sites/default/files/upload/roles_arbre_en_ville_cerfo.pdf
- L’importance des grands arbres en ville :
https://theconversation.com/en-ville-les-grands-arbres-sont-indispensables-179898
- Plus un arbre est vieux, plus il absorbe du CO2
- L’arbre urbain est un formidable outil de lutte contre le changement climatique puisqu’il permet à la fois d’atténuer l’impact du volume d’émission de gaz à effet de serre des activités anthropiques de la ville mais aussi de réduire l’effet de l’Îlot de Chaleur Urbain (ICU) voire de créer un Îlot de Fraîcheur Urbain (IFU).
L’Arbre en ville