Crèches saturées, familles déboussolées : la réalité derrière les refus d’attribution
Il y a quelques jours, nombreuses sont les familles qui ont essuyé un refus d’attribution d’une place en crèche municipale pour leur bébé. Il est vrai que cette réalité existe dans de nombreuses villes mais à Châtenay-Malabry, il y a quand même quelques spécificités qui nous font penser que cette situation est problématique à plusieurs niveaux.
Il s’agit d’abord d’un problème d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de service public qui n’est plus en adéquation avec les réalités de la commune, comme nous l’avons déjà souligné à maintes reprises, et dernièrement lors de notre réunion publique du 29 avril 2025, avant que la municipalité ne nous coupe le courant dans la salle de réunion.

Dans le magazine de la ville de mai, il est inscrit au budget une nouvelle crèche. Il s’agit en fait de la crèche Colbert, inaugurée en 2024. Chatenay-Malabry compte désormais 6 crèches publiques pour un agrément total de 332 berceaux sur l’ensemble de la ville (auxquels s’ajoutent près de 80 berceaux avec une crèche familiale, une crèche associative et un multi-accueil) ; ce qui est bien insuffisant eu égard à la demande.
Ainsi, le ratio de places en crèche par enfant est de 28% dans notre ville contre par exemple 40 % à Paris.
De plus, notre ville comptait 33 800 habitants en 2015, 35 500 habitants en 2022 et devrait en compter 38 600 en 2030 d’après l’Insee, soit une hausse d’environ 15% en 15 ans. Les services publics sont encore moins bien calibrés du fait de cette augmentation de la population.
Il s’agit ensuite d’un problème d’attractivité des métiers de la petite enfance. Car toutes ces places ne sont pas attribuées faute de professionnels pour s’occuper des enfants. Ainsi par exemple, la crèche Les Papillons d’Or qui a un agrément de 80 places n’accueillent en réalité que 50 enfants pour le moment. Pourtant la mairie a des leviers pour améliorer l’attractivité de ces métiers de la petite enfance, notamment en revalorisant les salaires, en améliorant les conditions de travail, etc.
Il s’agit ensuite d’un manque cruel de transparence quant aux critères de sélection. Officiellement, la mairie indique que « les critères pris en compte lors de l’étude des dossiers sont : l’historique de la demande, la mixité sociale des établissements, la situation familiale et les préférences des parents. » Dans la pratique, cela laisse beaucoup de place à l’interprétation et à des décisions arbitraires. Nombreux sont les témoignages de parents nous faisant part que leurs interlocuteurs dans leur démarche assument complètement l’absence totale de critères permettant une approche discrétionnaire par un maire qui, c’est juré, est « très attaché à la mixité sociale ». Sans ces critères de sélection suffisamment précis, les familles sont laissées à l’abandon, condamnées à attendre sans pouvoir estimer leur chance d’obtenir le précieux sésame.
Le jour de la sanction, au surplus très tardif (début juin), c’est donc la course contre la montre pour trouver un plan B : une assistante maternelle, une auxiliaire parentale ou au final, sans solution un congé parental non choisi qui creusera encore plus les inégalités sociales déjà présentes.
Courage aux familles châtenaisiennes qui recherchent un mode de garde et à leurs enfants qui méritent bien mieux.