Des doutes sur la société Vallée Sud Hydrogène ?
L’article dernièrement paru dans le journal ONZE édité par Vallée Sud – Grand Paris fait l’éloge de l’implantation d’une station de production/distribution d’hydrogène à Châtenay-Malabry. La réalité n’est pas si claire et depuis le début de ce projet, nous émettons des doutes sur son bien-fondé écologique malgré le gain indéniable sur la qualité de l’air…

automne 2025
Revenons sur le dernier vote à ce sujet qui nous a été présenté en conseil municipal. Il a été proposé l’introduction de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) dans le capital de Vallée Sud Hydrogène pour approbation. Cette introduction vient compenser le retrait d’Hynamics (filiale d’EDF) qui passe de 49% à 24% du capital ; ainsi Vallée Sud – Grand Paris détient toujours 51% et la Banque des territoires filiale de la CDC reprend les 25% laissés par Hynamics. Le rapport très complexe joint à cette résolution, nos questionnements sur le réel intérêt écologique, notre étonnement de voir le seul interlocuteur technique qui connait le marché diminuer sa participation de moitié et le peu de temps qui nous est donné pour réagir nous ont conduit à nous abstenir sur cette résolution. Comme à chaque fois, il nous a été impossible d’entamer une discussion sur le fond en conseil municipal. Le maire, ne sachant pas nous répondre, nous a invité à poser nos questions directement à Vallée Sud Hydrogène !
L’hydrogène est-il une opportunité pour notre agglomération avec un impact énergétique et sanitaire favorable et est-il rentable pour Vallée Sud – Grand Paris (VSGP) ? Sur le territoire VSGP, la production d’hydrogène est destinée entre autres à alimenter des bennes à ordures et des bus. Le rendement global de la technologie de production de l’hydrogène est très mauvais : actuellement autour de 30% au mieux. C’est-à-dire que pour 30 unités d’énergie utilisable il faut en produire 100.

Nous aurions aimé avoir des indications complémentaires, entre autres, sur les points suivants :
- Quel avenir pour l’hydrogène alors que la France diminue ces ambitions et vise désormais 4,5 GW d’électrolyse en 2030 (au lieu des 6,5 initialement prévus sur la feuille de route de 2020) ; que des compagnies de taxi l’ont abandonné ; que de nombreux projets sont remis en cause ; que des start-ups sur le sujet ont mis la clef sous la porte cette année ?
- Quel est le résultat comparatif avec d’autres technologies ? Certaines communes comme Pau ou Montpellier (où la société Hynamics était d’ailleurs l’opérateur) ont développé ou prévoyaient de développer une ligne de bus à hydrogène et se dirigent maintenant vers des bus électriques. En effet, l’évolution de la performance des batteries est en constante progression et devient plus rentable.
- Si le projet mobilise beaucoup de subventions d’investissement, quelle sera la part de ces subventions dans les coûts de fonctionnement ? Sachant qu’au démarrage d’une telle activité, de multiples pannes de jeunesse plus ou moins maîtrisées et une montée en puissance incertaine finissent par mettre en péril le budget de fonctionnement.
- Comment est maitrisé le coût de l’électricité dans le temps ? Ce qui a des répercussions sur celui de l’hydrogène revendu.
- Quel est le temps d’adaptation du parc de véhicules et donc le délai de montée en production durant lequel la société sera en perte ?
- Quel est l’impact sur la circulation vers les points de recharge sachant que l’hydrogène est 4 fois plus volumineux que le gasoil ce qui nécessite des rechargements plus fréquents dans un secteur routier déjà très encombré ?
Face à ces interrogations, nous sommes en droit de se poser des questions sur l’avenir de la société Vallée Sud Hydrogène. Les risques de non-rentabilité de cette société reposent sur les entités publiques, donc sur les citoyens du territoire.
Nous souhaitons une réflexion globale sur l’énergie, car si l’hydrogène bas carbone peut être une solution pour certains usages industriels, il serait intéressant de savoir ce qu’il en est pour tout le territoire.
