La nouvelle école Voltaire implantée dans le quartier LaVallée est-elle vraiment bas carbone ?

La Mairie ne cesse de nous vanter l’aspect bas carbone de l’école Voltaire alors faisons le point…
Ce bâtiment a obtenu le label environnemental E3C1. Ce label comprend 2 volets. Le premier concerne l’énergie avec 4 niveaux : E1 à E4. Le second volet concerne la quantité de carbone émise pendant la construction avec 2 niveaux : C1 et C2.
Obtenir le niveau E3 correspond à un bâtiment dont la consommation d’énergie est entre autres compensée par des énergies renouvelables. Cela sera possible dès que l’école sera connectée au réseau de géothermie en cours de développement sur la ville. Notons par exemple que l’ajout de panneaux solaires aurait permis d’améliorer ce ratio.
Le niveau C1 de carbone obtenu par le bâtiment est, en fait, la norme en vigueur et concerne tous les bâtiments récemment construits. Cela ne représente donc absolument pas une prouesse pour l’école Voltaire.
Avec l’importance des matériaux biosourcés (notamment du bois pour la structure des planchers et de la terre-chanvre pour certains murs de cloisons intérieures) et le réemploi des granulats issus de la déconstruction dans les bétons de façades, on aurait pu espérer un meilleur classement.
Or pour obtenir ces façades archaïques donnant un aspect de murs en terre, l’architecte a choisi des murs très épais réalisés avec un béton damé et teinté. Même si ce béton est fait avec 100% d’agrégats de déconstruction, il faut y ajouter du ciment, et le ciment représente à lui seul plus de 90% du poids carbone d’un béton. A cela s’ajoute la faible résistance des bétons faits avec ce type de granulats qui doit être compensée par un sur-ferraillage ou une surépaisseur annulant les gains escomptés. Finalement, comme les façades sont 2 fois plus épaisses qu’un mur classique, le bilan carbone est 2 fois plus élevé.
Qu’en est-il de la durabilité de ce béton ? Pour les murs de l’école Voltaire, le fait d’utiliser un béton damé avec très peu d’eau et étalé par couches crée un béton très poreux. L’eau s’y infiltre à chaque pluie et réagit en dissolvant les sels minéraux formant de l’hydroxyde de calcium qui s’écoule en formant des trainées blanches sur le béton. C’est le cancer des bétons (ou efflorescence). A terme cela détruit les bétons par gonflement. De telles marques sont déjà visibles sur les murs et cela ne pourra qu’empirer.

En conclusion, cette école n’est pas un projet bas carbone. Pour cela il aurait fallu obtenir le niveau C2 qui qualifie de réels progrès sur les émissions de carbone. C’est dommage car les solutions biosourcées mises en œuvre sont vraiment intéressantes mais totalement décompensées par le bilan désastreux de la façade. De plus, comme on commence à le voir, cette façade va très mal vieillir.
