Enquête LaVallée – Article 3/5
Des émissions de gaz à effet de serre très élevées
Où va le futur quartier LaVallée ?
- Une densité très forte en comparaison de tous les autres quartiers de notre ville
- De futurs îlots de chaleur majeurs, annoncés par des études d’experts
- Des techniques de construction à fort impact carbone et de futurs immeubles peu innovants sur le plan énergétique dans la grande majorité des cas
- Un chauffage par géothermie abandonné pour le moment
- Ce nouveau quartier mérite-t-il réellement le qualificatif d’« Ecoquartier » ?
Une enquête en 5 articles
Article 3/5 : LaVallée, un coût carbone très élevé
Continuons notre point sur l’évolution du nouveau quartier LaVallée, localisé sur le site de l’ancienne Ecole Centrale à Châtenay-Malabry, et dont l’aménagement a commencé il y a bientôt cinq ans.
Les deux articles précédents ont décrit l’extrême densité du quartier, et comment les ilots de chaleur le transformeront en fournaise lors des épisodes de canicule.
Pour concevoir et construire les futurs bâtiments du quartier LaVallée, les promoteurs ont dû choisir quelle norme de construction appliquer.
Lors des choix initiaux, ils étaient dans l’obligation d’appliquer a minima l’ancienne norme RT 2012 (Réglementation Thermique 2012). Mais, à cette époque, la nouvelle norme RE 2020 était déjà quasiment définie et votée et cette norme prévoyait d’imposer une isolation thermique très élevée pour le bâti mais aussi une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pendant toute la phase de construction et tout au long de la vie du bâtiment.
Ainsi, cette nouvelle norme prend en compte le coût carbone des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments neufs, mais aussi des matériaux constituant les anciens bâtiments démolis : elle s’appuie sur le fait que, pour l’environnement comme pour le climat, il est hautement préférable de réhabiliter des bâtiments existants plutôt que détruire et reconstruire (voir réf 1 en bas d’article).
Pourtant, le projet LaVallée a choisi de détruire les bâtiments existants (anciens bâtiments de l’Ecole Centrale) et de tout reconstruire.
La norme RE2020 prend aussi en compte les nuisances chimiques des matériaux, des revêtements, etc. Ce n’est plus seulement une norme thermique (RT), c’est désormais une norme environnementale (RE). Votée dans le cadre de la loi ELAN de 2018, elle est applicable aux nouveaux logements depuis le 1er janvier 2022.
Des constructions carbonées
Pour le quartier LaVallée, l’Association Syndicale Libre des promoteurs a finalement choisi une étiquette de construction intermédiaire entre RT 2012 et RE 2020 : le label E3C1 (gain de 20% d’efficacité énergétique par rapport à l’ancienne norme RT 2012 ainsi qu’une réduction des émissions de CO2 lors de la construction et du chauffage). Ce choix est restrictif par rapport à RE 2020, en particulier pour les bâtiments qui devaient être livrés à l’origine en 2024 et le seront aux dernières nouvelles, plutôt en 2026 ou 2027.
C’est ainsi, que le choix constructif des ouvrages de la phase 1 & 2 s’est porté vers le tout béton. Un choix déplorable quand on connait l’impact environnemental de ce matériau. Même si, comme le rappelle systématiquement notre Mairie, une part des gravats de la déconstruction de l’école centrale a été incorporé dans le béton de ces nouveaux bâtiments, l’économie de CO2 ainsi générée (600 tonnes de CO2) est « dérisoire face à ce qu’aurait représenté la conservation de l’existant : 2600 tonnes pour le seul bâtiment Olivier, 8100 pour l’ensemble du bâti » (voir page 38 et annexe du rapport en réf 2 en bas d’article), et négligeable également par rapport aux économies d’émissions de gaz à effet de serre qu’aurait permis le choix d’autres matériaux que le béton.
Ce choix de départ est d’autant plus regrettable que des méthodologies constructives alternatives existent, permettant d’atteindre un bilan carbone plus léger, une consommation énergétique moindre et un confort des habitants plus élevé. Nous aurions aussi pu profiter d’immeubles en bois et / ou en pierre, comme il en existe déjà de nombreux en France, voire des bâtiments en terre de type pisé, et bénéficier ainsi d’une qualité architecturale et urbaine certaine.
Mentionnons tout de même le groupe scolaire de LaVallée, exemplaire d’un point de vue de l’écoconstruction, puisque réalisé en pisé, et incluant des agrégats de bétons recyclés et des planchers bois.
Source et bibliographie :
- Aloïs Fournier et Olivier Papin, ingénieurs E6 consulting. Article Limiter son empreinte carbone dans le secteur de la construction. Disponible ici : https://conseils.xpair.com/actualite_experts/limiter-empreinte-carbone-construction.htm
- Fuseau, T. Mondot, P. Gonzalez Burgos. 2020. Coup de chaud à La Vallée : Symptôme d’une conception urbaine inachevée, Ecole d’architecture de la ville & des territoires Paris Est. Disponible à l’adresse ci-dessous :