La majorité municipale a voté contre la protection des grands arbres de la ville, dont de remarquables Sequoias bientôt abattus par un promoteur

Vous trouverez ci-dessous le texte de notre intervention au Conseil municipal du 29 septembre 2022, proposant au vote des mesures de protection pour les arbres de grande envergure de notre commune, similaires à celles existant dans d’autres communes.

La majorité municipale a voté contre ce vœu. Elle a aussi voté contre la sauvegarde de 4 magnifiques Sequoia dont la destruction par un promoteur est imminente.

Conseil municipal du 29 septembre 2022: Vœu relatif aux arbres de grande envergure

Au 64 rue Anatole France, un projet immobilier sur une propriété privée acquise par un promoteur vise à remplacer un pavillon par un lotissement de 8 « villas » collées les unes aux autres sur une surface totale inférieure à 2000 m2. Le permis de construire accordé par la ville autorise la suppression de 8 arbres à haute tige, à remplacer par la plantation de 12 autres arbres à haute tige.

Il se trouve que parmi les 8 arbres à haute tige supprimés figure « 4 séquoias sempervirens  (nom Français “séquoia toujours vert”) double tronc chacun, soit 8 magnifiques sujets d’environ 26 mètres, en pleine croissance malgré leur 70 à 80 ans d’âge, d’une très bonne vigueur et de bon avenir car en pleine santé sanitaire, bref des arbres remarquables ». Je cite l’expert de l’association A.R.B.R.E.S.

L’abattage imminent de ces arbres superbes constitue une énorme perte à de nombreux points de vue. D’une part, ce sont de véritables éléments de paysage pour tout le quartier. D’autre part, la perte est immense pour la biodiversité, et surtout pour la lutte contre le réchauffement climatique et les ilots de chaleur.

Pour terminer sur le cas particulier du 64 rue Anatole France, on pourrait nous objecter que le PLU sur cette zone Up ayant évolué entre temps, le même projet ne serait plus autorisé aujourd’hui. Cependant la modification du PLU porte sur le volume des constructions mais ne change rien à la possibilité d’abattre 4 remarquables sequoias double-troncs de 26 mètres pour les remplacer par des arbrisseaux.

De façon générale, l’arbre de grande envergure est un bien commun d’intérêt général. La communauté scientifique est unanime sur l’importance vitale des arbres de grande envergure dans notre survie face au changement climatique. Ils constituent en ville de véritables trésors de par leur rôle de climatiseurs naturels qui apportent ombre et fraicheur par leur « transpiration », ce que chacun d’entre nous peut apprécier en passant à proximité l’été. De plus, ils contribuent directement à ralentir l’effet de serre puisque la photosynthèse absorbe du CO2 et stocke du carbone pour produire de l’oxygène. Plus un arbre est grand et ancien, plus les services qu’il rend sont grands, plus il apporte d’ombre et de fraicheur, et plus il absorbe de CO2. Mais aussi : plus il limite l’érosion, plus il abrite de biodiversité, plus il embellit le paysage. L’urgence du défi climatique fait des arbres matures des alliés à protéger.

Rappelons enfin que ce service de climatisation apporté par les arbres de grande envergure fonctionne surtout à courte distance. Notre ville dispose de nombreux grands parcs, mais un parc arboré situé à 300 mètres d’un immeuble lui apporte beaucoup moins de fraicheur qu’un ou deux arbres à proximité immédiate de celui-ci, comme le démontrent de nombreuses études, et comme le rappelle l’étude de l’Ecole d’Architecture de Paris-Est sur le quartier LaVallée, concluant que, malgré la présence du Parc de Sceaux d’un côté et de la coulée verte de l’autre, les appartements y seront des « fournaises » (je cite) lors des futures canicules.

Aujourd’hui, les permis de construire sont habitués à supprimer un vieil arbre à haute tige et à replanter un jeune arbre à haute tige à la place. Mais, quand on sait que la définition d’un arbre de haute tige dans notre PLU est un arbre dont le tronc, à l’âge adulte, fait plus de 1,80 m de hauteur, on comprend qu’au mieux il va falloir attendre 70 à 80 ans pour que l’arbre jeune nouvellement planté produise autant d’ombre et de fraicheur et absorbe autant de CO2 que l’arbre de 26 mètres qu’il remplace, et plus probablement l’arbre planté en remplacement (souvent d’une essence à faible développement et à type de feuilles produisant beaucoup moins de fraicheur) n’atteindra jamais les 26 mètres de l’arbre d’origine, et ne rendra jamais autant de services.

L’argument de la replantation de jeunes arbres pour “remplacer” les arbres abattus ne tient pas pour une autre raison: face aux canicules qui vont se succéder et monter en intensité, ces jeunes arbres ne seront bientôt plus prioritaires à l’arrosage, donc mourront. Nous ne serons en effet pas certains d’avoir les moyens de les suivre en arrosage pendant leur phase de croissance. Les chatenaisiens peuvent déjà constater autour d’eux qu’une partie des jeunes arbres plantés est déjà morte.

Les futurs historiens qui se retourneront sur notre époque se demanderont pourquoi nous avons fait preuve d’un tel aveuglement. Nous ressemblons aux passagers d’un paquebot en train de couler qui persisteraient à détruire leurs canots de sauvetage.

Une mairie pleinement consciente et informée des crises climatiques à venir et responsable devant ses habitants, devrait SANCTUARISER les arbres de grande envergure.

Nous sommes très loin de cette sanctuarisation des arbres de grande envergure à Châtenay-Malabry puisque ce jeu mortifère de l’abattage des arbres de grande envergure pour les remplacer par de frêles jeunes arbres est appliqué à grande échelle, à la fois dans le domaine privé pour faciliter les projets de construction (y compris pour des arbres remarquables : citons aussi le majestueux cèdre du square Robinson, la moitié de l’allée de tilleuls de l’école centrale, …), et sur le domaine public (Division Leclerc, etc.)

Pourtant d’autres villes font différemment. Sur le domaine public, on peut citer l’exemple intéressant de l’avenue Edouard Depreux où les platanes ont été abattus et remplacés sur le trottoir Ouest situé sur notre ville, mais gardés par la ville de Sceaux sur le trottoir Est. Cet été, il était facile d’observer sur quel trottoir marchaient les piétons.

Dans le domaine privé, certaines villes du 92 ont recensé les arbres remarquables existant sur le domaine privé, et les ont protégés comme tels dans leur PLU. Comme explicitement indiqué dans le PLU de notre ville, Châtenay-Malabry a choisi de ne pas recenser ni protéger les arbres remarquables situés dans les propriétés privées.

Dans d’autres villes du 92, les agents du service urbanisme se déplacent sur le terrain lors de l’instruction des permis de construire pour constater les caractéristiques des arbres menacés, et refusent certains permis pour cette raison. Cette procédure n’est pas appliquée à Châtenay-Malabry.

C’est pour cette raison que nous proposons à notre conseil municipal d’adopter le vœu suivant :

  1. Notre ville s’engage à signer à court terme la Déclaration des Droits de l’Arbre (1), établie par l’association A.R.B.R.E.S., proclamée lors d’un colloque à l’Assemblée Nationale le 5 Avril 2019, et signée depuis par une cinquantaine de communes pionnières dont Bordeaux, Fontainebleau, Metz, Nancy, Nogent sur Marne, Orgeval, Paris, Sens et Strasbourg.
  2. Dans le cadre de l’élaboration du nouveau PLUi du territoire VSGP, notre ville est déterminée à recenser les arbres remarquables existant sur son domaine privé, et à les protéger comme tels dans le PLU, et à faire en sorte que le PLUi permette à la ville de refuser tout permis de construire demandant la suppression d’un arbre de grande envergure, en application du principe de sanctuarisation de ces arbres.
  3. Nous donnons mandat à Monsieur le Maire de prendre rapidement toutes les mesures nécessaires afin de sauver les séquoias du 64 rue Anatole France.

Déclaration des droits de l’arbre :

https://www.arbres.org/declaration-des-droits-de-l-arbre.htm