Châtenay-Malabry face aux canicules - Article 2/4
Des solutions existent : l’arbre et un nouvel urbanisme.

Une série en 4 articles:

  1. Dangereuses pour la santé et même très meurtrières, les canicules sont de plus en plus fréquentes.
  2. Des solutions existent : l’arbre et un nouvel urbanisme.
  3. De nombreuses villes prennent des mesures efficaces pour protéger leurs habitants.
  4. Mais Châtenay-Malabry fait l’inverse, à grande échelle.

 

Article 2/4 : Des solutions existent pour permettre aux villes de limiter l’impact des canicules, dans lesquelles l’arbre et un nouvel urbanisme jouent un rôle essentiel.

Les solutions énumérées ci-dessous sont connues et mises en œuvre depuis des années.

Protéger et réintroduire massivement la nature de proximité en ville.

Le premier ensemble de solutions consiste à protéger et réintroduire massivement la nature de proximité en ville (arbres, espaces verts, rivières découvertes, jardins partagés, etc), et en particulier les grands arbres, dans tous les lieux possibles (places, trottoirs, cours d’écoles, friches industrielles, espaces entre les pavés, zones débitumées, etc).

Il faut aussi créer des “trames brunes”, c’est-à-dire une continuité entre tous les espaces en pleine terre : cette continuité est indispensable au développement des arbres, de la biodiversité, et à l’infiltration des eaux, …

  • Dans une même rue ou sur une même place, entre une zone entièrement minéralisée, et une zone à l’ombre des arbres avec de la verdure située à seulement quelques mètres de la zone minéralisée, on peut mesurer des différences de température jusqu’à 10 degrés.
  • C’est la végétation à proximité immédiate qui est efficace, beaucoup plus qu’un parc situé à plusieurs centaines de mètres.
  • La communauté scientifique est unanime sur l’importance vitale des arbres de grande envergure dans notre survie face au changement climatique. Ils constituent en ville de véritables trésors de par leur rôle de climatiseurs naturels qui apportent ombre et fraicheur par leur « transpiration », ce que chacun d’entre nous peut apprécier en passant à proximité l’été. De plus, ils contribuent directement à ralentir l’effet de serre puisque la photosynthèse absorbe du CO2 et stocke du carbone pour produire de l’oxygène. Plus un arbre est grand et ancien, plus les services qu’il rend sont grands, plus il apporte d’ombre et de fraicheur, et plus il absorbe de CO2. Mais aussi : plus il limite l’érosion, plus il abrite de biodiversité, plus il embellit le paysage. L’urgence du défi climatique fait de l’arbre mature de grande envergure un bien commun d’intérêt général, un allié à protéger. Une mairie pleinement consciente et informée des crises climatiques à venir et responsable devant ses habitants, devrait sanctuariser les arbres de grande envergure.

Repenser totalement les principes d’urbanisme et de construction des bâtiments

Le deuxième ensemble de solutions consiste à mettre en œuvre des principes d’urbanisme et de construction des bâtiments radicalement différents de la pratique actuelle.

  • Des biomatériaux très performants existent aujourd’hui (briques en terre crue, …). Ils permettent de très bien isoler les logements du froid l’hiver et du chaud l’été, en privilégiant une isolation par l’extérieur à une isolation par l’intérieur. On peut associer ces biomatériaux à des techniques de ventilation (VMC double-flux, …). Ils permettent d’obtenir des logements passifs ou presque, c’est-à-dire ne nécessitant aucun apport d’énergie, ou un apport très faible. Par exemple, dans les logements du quartier BedZED à Londres la facture totale d’énergie (chauffage, eau chaude, etc) est limitée à 150 € annuels ! Les économies ainsi réalisées compensent très rapidement le (léger) surcout de construction.
  • Les appartements doivent être traversants et leur orientation bien pensée (comme c’est le cas à la Butte Rouge, et contrairement aux appartements dans les résidences construites par les promoteurs ces dernières décennies).
  • Les couleurs et revêtements (façades, volets, toits) doivent être clairs pour réfléchir la lumière (les couleurs foncées absorbent la chaleur)
  • Les petits espaces verts et « dents creuses » entre 2 bâtis ne doivent plus être sacrifiés pour construire toujours plus
  • Les toits et façades peuvent être végétalisés mais l’efficacité de ces solutions en terme d’isolation varie fortement en fonction de l’épaisseur, de l’apport en eau, et du type de plantes. En aucun vas une végétalisation de facade ni de toit ne peut être comparable à une plantation « de pleine terre », c’est-à-dire dans un sol non artificialisé. Un chêne planté dans la terre (4 mètres de profondeur racinaire) ne vaudra jamais un tapis de sedums sur un toit (qui peut vivre dans 15 cm de terre).
  • Toutes les solutions ci-dessus peuvent être facilement mises en œuvre par les mairies pour les nouvelles constructions, pour remplacer le couple infernal béton + climatisation. Il suffit d’édicter une « charte » exigeant que ces solutions soient mises en œuvre dans toute nouvelle construction, et s’imposant en particulier aux promoteurs. Il suffit en réalité d’imposer aux intérêts privés les intérêts de l’ensemble des habitants devant une situation d’urgence climatique qui porte les germes de graves conséquences sanitaires, économiques et sociales.
  • Les PLU ne doivent plus permettre le remplacement des arbres de grande envergure par de frêles jeunes arbres, aujourd’hui institué à grande échelle via les permis de construire. Quand on sait que la définition d’un arbre de haute tige dans notre PLU est un arbre dont le tronc, à l’âge adulte, fait plus de 1,80 m de hauteur, on comprend qu’au mieux il va falloir attendre 70 à 80 ans pour que l’arbre jeune nouvellement planté produise autant d’ombre et de fraicheur et absorbe autant de CO2 que l’arbre de 26 mètres qu’il remplace, et plus probablement l’arbre planté en remplacement (souvent d’une essence à faible développement et à type de feuilles produisant beaucoup moins de fraicheur) n’atteindra jamais les 26 mètres de l’arbre d’origine, et ne rendra jamais autant de services.
  • Sur le domaine public, les collectivités ne doivent plus considérer l’arbre comme un mobilier urbain interchangeable dès qu’il gène ou pour éviter le ramassage des feuilles. De plus, face aux canicules qui vont se succéder et monter en intensité, les jeunes arbres plantés en remplacement des grands arbres tombés en disgrâce ne seront bientôt plus prioritaires à l’arrosage, donc mourront. Nous ne serons en effet pas certains d’avoir les moyens de les suivre en arrosage pendant leur phase de croissance.
  • Pour terminer, il faut surtout … construire le moins possible. Le réflexe « construire », doit être remplacé par le principe « réhabiliter et rénover l’existant ». Plus de 3 millions de logements sont vacants en France, soit près de 1 logement sur 10, selon les chiffres de l’Insee. Et parmi ces 3 millions, 1,1 million le sont depuis plus de 2 ans. Sans compter les immeubles de bureaux inoccupés : l’Ile-de-France à elle seule compte 3 millions de m2 de bureaux vides auxquels se rajoutent entre 3 à 6 millions de m2 du fait du télétravail. Comme le dit Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, dans une interview à la Gazette des communes, « c’est la fin de la ville facile, qui s’étale, qui démolit et reconstruit, qui ne prend pas en compte l’existant. Il faut désormais penser une ville qui réponde à ces trois crises : celle des ressources de la planète, de l’adaptation au changement climatique et de la biodiversité. Au moment où l’on s’interroge sur la façon dont va se faire le « zéro artificialisation nette », il faut regarder ce dont on dispose déjà et réfléchir à comment faire avec l’existant. »
  • Enfin, en ce qui concerne la voirie, le revêtement des chaussées, trottoirs, et autres surfaces exposées au soleil doit être refait en couleur claire pour réfléchir la lumière (jusqu’à 30°C de différence !). C’est ce que font Athènes et Los Angeles

D’autres solutions sont encore en cours d’expérimentation :

  • Les bâtiments peuvent être connectés à des réseaux de refroidissement sans rejet de chaleur (contrairement à la climatisation)
  • Les panneaux solaires sur les toits, les murs, certaines façades, ou en surplomb, en plus de produire de l’énergie, procurent de l’ombre et absorbent la chaleur à la place des surfaces concernées

Quelques sources et ressources

France-Inter, émission « le débat de midi » du 17 Aout 2022 : Canicule : les villes à l’épreuve de la montée des températures

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-du-mercredi-17-aout-2022

Canicules 2022 : nos villes sont-elles condamnées à devenir des fours ?

https://www.youtube.com/watch?v=lg8hsNjTlUo

Canicules : dans l’enfer des villes : article très documenté de Médiapart paru le 15 juillet 2022

Lien vers le pdf

Planter des arbres en ville peut sauver des dizaines de milliers de vies par an

https://www.notre-planete.info/actualites/planter-arbres-ville-pollution-air-sante

Les rôles de l’arbre en ville :

https://ileau.ca/sites/default/files/upload/roles_arbre_en_ville_cerfo.pdf

L’importance des grands arbres en ville :

https://theconversation.com/en-ville-les-grands-arbres-sont-indispensables

Plus un arbre est vieux, plus il absorbe du CO2

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plus-un-arbre-est-vieux-plus-il-absorbe-du-co2

L’arbre urbain est un formidable outil de lutte contre le changement climatique puisqu’il permet à la fois d’atténuer l’impact du volume d’émission de gaz à effet de serre des activités anthropiques de la ville mais aussi de réduire l’effet de l’Îlot de Chaleur Urbain (ICU) voire de créer un Îlot de Fraîcheur Urbain (IFU).

http://www.arbre-en-ville.fr/

Avec des vergers urbains, la ville devient comestible

https://reporterre.net/Avec-Vergers-urbains-la-ville-devient-comestible

Débitumer les villes

https://www.liberation.fr/france/2019/09/27/debitumisation-des-villes-casser-la-voie

Près d’un logement sur dix est vacant en France

https://www.radiofrance.fr/franceinter/pres-d-un-logement-sur-dix-est-vacant-en-france

Et si l’on transformait les bureaux vides en logements ?

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-urbanisme-demain/et-si-l-on-transformait-les-bureaux-vides-en-logements