Une ville mieux éclairée ferait des économies d’énergie
Devant l’explosion des coûts de l’électricité, qui se chiffre en centaines de milliers d’Euros pour le poste « éclairage public » de la commune, nous avons proposé au Conseil Municipal (1) d’éteindre l’éclairage public quelques heures au cœur de la nuit.
Plus d’un tiers des villes françaises le font, et n’ont constaté aucune augmentation de la criminalité et aucun impact négatif sur la sécurité des biens et des personnes, mais une amélioration de la sécurité routière.
Nous espérions un accord pour un essai de quelques mois sur un quartier, suite auquel nous aurions pu faire un bilan avec les citoyens concernés. Mais la majorité municipale a totalement rejeté cette proposition.
La crise de l’énergie est là et s’imposera de plus en plus dans les mois qui viennent avec les conséquences financières que cela aura, pour chacun d’entre nous, mais aussi pour les collectivités. Il nous faut réfléchir autrement aux sources d’énergie et à leur utilisation afin de ne pas continuer à mener notre planète « dans le mur ». C’est ainsi que commençait la proposition que nous avons soumise au vote du Conseil Municipal de septembre.
L’éclairage public nocturne représente dans la plupart des cas le 1er poste de consommation d’électricité des communes.
La Fédération nationale des collectivités (FNCCR) a rappelé que l’éclairage public est « un gouffre financier pour les collectivités ». La FNCCR révèle que le coût de fourniture d’électricité pour les collectivités va vraisemblablement doubler cette année. Interrompre l’éclairage public au cœur de la nuit permet de réduire ces coûts de 45% à 75%. Chatenay économiserait au moins 300 000 €.
Plus d’un tiers des communes ont déjà tenté l’expérience, sans conséquence négative sur la sécurité des biens et des personnes. Selon le géographe et chercheur Samuel Challéat, les statistiques ne montrent pas plus de criminalité dans les villes non éclairées. 80 % des cambriolages ont lieu le jour et pour les 20 % restants, aucune différence n’est observée que la lumière soit allumée ou pas. Ce qui a pu être mis en place à Strasbourg, Chambéry, Saint Nazaire, Colmar, Agde, Nevers, ou Orsay (il ne s’agit pas de communes rurales où les problèmes de sécurité sont moindres) devrait pouvoir l’être à Châtenay !
De plus, l’éclairage nocturne est néfaste pour nos rythmes biologiques et hormonaux et notre sommeil. Et de nombreuses études ont désormais bien établi que plusieurs espèces animales (oiseaux, insectes, chiroptères…) pâtissent d’un éclairage permanent qui est probablement l’un des facteurs expliquant l’effondrement de certaines populations animales, et la baisse très alarmante de la biodiversité.
Enfin, les études de sécurité routière prouvent que les véhicules réduisent leur vitesse dans les zones non éclairées, minorant ainsi le risque d’accidents et la pollution sonore due à leur passage. Les risques pour un piéton d’être renversé par un véhicule motorisé sont minorés dans une rue non éclairée du fait de la réduction de vitesse induite par la faible visibilité.
Notre proposition était d’éteindre l’éclairage public de 1h à 5h, et de consacrer une part des économies réalisées à aider les habitants les plus en difficulté face à l’explosion des dépenses d’énergie. Nous espérions une discussion sur le créneau horaire et un accord pour un essai de quelques mois sur un quartier, suite auquel nous aurions pu faire un bilan avec les citoyens concernés. Mais non, la majorité municipale rejeta tout en bloc.
Ce débat aurait même pu être évité si notre municipalité avait anticipé les économies en équipant notre ville d’un éclairage LED, très économique, fiable, et permettant de moduler l’intensité selon le moment et le lieu. Le remplacement est possible à faible coût en modifiant les luminaires existants. Bièvres l’a fait en un été ! Mais notre mairie refuse d’accélérer son lent calendrier de déploiement.
(1) A Chatenay-Malabry, la ville a décidé de transférer la compétence « éclairage public » au territoire Vallée Sud Grand Paris dont nous faisons partie, et c’est donc cette collectivité qui porte le budget des dépenses d’électricité relatives à l’éclairage public et paie les factures. Le Maire de Chatenay-Malabry explique donc qu’il n’est plus décideur en matière d’éclairage public, et que notre proposition ne génèrerait aucune économie pour la ville. En fait, cela ne change rien au bien fondé de notre démarche et de notre proposition. D’une part, Mr le Maire est vice-président du territoire, en charge de la voirie du territoire, et est donc particulièrement bien placé pour porter cette proposition au territoire. D’autre part, que les économies soient faites sur le budget de la ville ou sur le budget du territoire, elles restent des économies faites sur l’argent des contribuables locaux !
Sources :
- https://reporterre.net/Des-nuits-sans-lumiere-ces-villes-qui-coupent-l-eclairage-public
- https://www.mairie-orsay.fr/cadre-de-vie/developpement-durable/l-energie
- https://www.fnccr.asso.fr/article/quelle-place-pour-les-led-dans-leclairage-public/
- https://www.bievres.fr/eclairage-public-passage-aux-led/
- https://www.sceauxencommun.org/eclairage-public-mais-pourquoi-la-ville-ne-veut-pas-eteindre/
- https://www.sceauxencommun.org/reduire-leclairage-public-permettrait-a-la-ville-deconomiser-au-moins-200-000-e/