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Végétalisation urbaine : une urgence pour nos villes et nos écoles

Végétalisation urbaine : une urgence pour nos villes et nos écoles

Chaque été, la France bat de nouveaux records de chaleur. Les canicules, autrefois exceptionnelles, deviennent la norme. Face à ce dérèglement climatique, les villes doivent s’adapter en urgence. À Châtenay-Malabry, la végétation est un atout précieux, mais encore trop inégalement réparti. Préserver les arbres existants et en planter de nouveaux là où cela est possible n’est plus un luxe, c’est une nécessité.

Episode 1 : Canicules et urbanisation : préserver les arbres, c’est protéger les habitants
Episode 2 : Chaleur à l’école : quand l’ombre manque, les enfants trinquent

Châtenay-Malabry a des atouts, mais elle doit aller plus loin. La végétalisation des écoles, des trottoirs et des quartiers denses est urgente. Il en va du confort et de la sécurité de tous, en particulier des plus vulnérables. Les arbres ne sont pas des décorations, ce sont des alliés. Leur présence ou leur absence façonne notre quotidien, surtout en période de canicule. Préserver les anciens et planter intelligemment les nouveaux est une nécessité. D’autres villes montrent la voie. Pourquoi pas Châtenay-Malabry ? Face à la canicule, l’inaction n’est plus une option. Il est temps que la mairie prenne des engagements concrets, visibles et durables pour adapter la ville aux réalités climatiques d’aujourd’hui et de demain.

Episode 1 : Canicules et urbanisation : préserver les arbres, c’est protéger les habitants

Cela n’a échappé à personne ; chaque année la France doit faire face à des chaleurs extrêmes. Ces épisodes de canicule sont de plus en plus fréquents et le seront encore plus dans les années à venir. Il est essentiel de nous y préparer collectivement et de nous adapter à ce dérèglement climatique. Pour cela, les municipalités peuvent mettre en place une série de mesures, dont la végétalisation de la ville. Le but est de réduire les îlots de chaleur urbains en diminuant la température localement comme le montre l’image ci-dessous :

A Châtenay-Malabry, nous avons la chance d’avoir une ville végétalisée à 50%, notamment grâce à ses nombreux parcs.

Source : https://commune-mairie.fr/photo-satellite/chatenay-malabry-92019

Notons néanmoins que la grande majorité de ces parcs n’appartient pas à la commune :

  • La forêt de Verrières est gérée par l’ONF (Office National des Forêts) qui est un établissement public français chargé de la gestion durable des forêts publiques.
  • Le parc de la Vallée-aux-Loups (incluant l’Arboretum et le domaine de la Maison de Chateaubriand) est sous la responsabilité du Département des Hauts-de-Seine.
  • Le parc du CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive) est sous la tutelle du ministère des Sports et rattaché à la région Ile-de-France pour sa gestion. Sa partie basse du parc a été acquise en 2024 par le Département des Hauts-de-Seine dans le cadre du projet de réaménagement et d’ouverture au public du parc de la Roseraie.

Ainsi, les zones végétalisées qui sont sous la responsabilité de la mairie se réduisent à la portion de la Coulée Verte située à Châtenay-Malabry, aux parcs et jardins publics, aux nombreux arbres de la Butte Rouge (représentant près de 40 ha d’espaces verts sur les 66 ha de la cité jardin), et comprenant de nombreux arbres multi-centenaires, ainsi qu’aux quelques arbres qui arborent la ville.

Malheureusement, les parcs ne suffisent pas face à la canicule, comme en témoigne cette image thermique de la ville mettant en évidence les îlots de chaleur, en particulier sur l’« écoquartier » de LaVallée et tout le long de l’avenue de la Division Leclerc.

Source : https://www.construction21.org/france/articles/h/vulnerabilite-a-la-chaleur-les-hauts-de-seine-un-territoire-contraste.html

Cependant cette carte thermique montre aussi que les arbres sont de véritables alliés contre les îlots de chaleur, à commencer par ceux présents dans les parcs départementaux et ceux de la Butte Rouge. Cependant, il est évident qu’en cas de canicule, aucun.e Châtenaisien.ne ne va sortir pour se promener dans les parcs. Alors, bien que Châtenay-Malabry soit végétalisée à 50%, il est essentiel que la mairie s’engage à poursuivre la végétalisation de la ville partout où elle en est responsable. Et il est essentiel également de préserver tous les arbres déjà existants car remplacer un arbre adulte de plusieurs dizaines d’années par un jeune diminue la régulation thermique.

En effet, les grands arbres offrent une ombre dense et évaporent plus d’eau (via l’évapotranspiration), ce qui rafraîchit l’air ambiant. Un jeune arbre, avec peu de feuillage, n’apas cet effet tampon contre les canicules urbaines. Nous pouvons malheureusement voir cette conséquence sur l’avenue de la division Leclerc sur laquelle plus de 1000 arbres ont été coupées et remplacées lors des travaux de construction de la ligne du tramway.

Voici deux photos de l’avenue de la division Leclerc, prises en même endroit, à 10 ans d’intervalle, récupérées sur Google maps :

Et voici 4 photos prises sur cette avenue à la même heure en 2025 :

Sur la 1ère photo, les arbres coupés n’ont pas été remplacés sur le trottoir. Ils ont été placés sur l’arrêt du tramway, offrant ainsi une petite ombre sur la route, et rien du tout sur le trottoir. Autant vous dire que remonter l’avenue à cet endroit relève d’un véritable défi à partir de 20°C.

Sur la 2ème photo, les arbres coupées ont été remplacés par de jeunes arbres tendant les branches vers ciel, offrant une ombre approximative d’1m2 tout au plus.

Sur la 3ème photo, les arbres coupées ont été remplacés par de jeunes arbres au feuillage clairsemé, générant une ombre clairsemée sur environ 4m2 et exerçant donc un moindre effet tampon contre la canicule.

Enfin sur la 4ème et dernière photo sont présentés les quelques arbres d’origine, près du cinéma REX, qui ont été conservés car ils étaient suffisamment éloignés des travaux.

Par ailleurs, comme le montrent les photos précédentes, les travaux d’installation du tramway ont eu pour conséquence de retirer de grandes surfaces de pelouse présentes au pied des immeubles qui longent l’avenue de la division Leclerc, participant là-aussi à la création de cet îlot de chaleur. A Châtenay-Malabry, l’artificialisation des espaces représente au total près de 6 ha depuis 2011. (Source : https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr)

Sans végétalisation des espaces de la ville, les habitants qui le peuvent restent chez eux, cherchant la fraîcheur. Mais pour ceux qui doivent sortir pour travailler, se rendre à un rendez-vous ou récupérer leurs enfants à l’école, il n’y a pas d’autre choix que d’affronter la chaleur.

Episode 2 : Chaleur à l’école : quand l’ombre manque, les enfants trinquent

Nos enfants et leurs enseignants affrontent aussi la chaleur dans les cours de récréation, et dans les classes en l’absence d’arbres ou à défaut de simples voiles ombrageux. L’association Greenpeace alerte : 86% des établissements scolaires doivent faire l’objet de rénovation. Qu’en est-il des écoles de Châtenay-Malabry ? La mairie annonçait la modernisation des écoles, mais aucune information supplémentaire n’a été donnée. Les anciens bâtiments vont-ils faire l’objet d’un projet d’isolation thermique ? Les cours de récréation vont-elles être enfin végétalisées comme le demandent plusieurs directeurs et directrices, enseignants et parents d’élèves depuis plusieurs années maintenant ?

A gauche la cour de l’école maternelle des Mouilleboeufs
A droite la cour de l’école maternelle Suzanne-Buisson

Le Collectif Citoyen Châtenaisien regrette que la végétalisation des cours d’école n’ait pas été au programme de la rénovation des groupes scolaires Jules-Verne et Jean-Jaurès et à celui de la construction de la nouvelle école primaire Voltaire.

Le groupe scolaire Jules-Verne a été reconstruit entre 2010 et 2015, et aucune végétalisation des cours digne de ce nom n’a été envisagée, comme l’atteste la photo ci-dessous.

L’école Jean-Jaurès à Châtenay-Malabry a été reconstruite et inaugurée en mai 2022. La précédente école (qui datait de 1983) offrait des espaces végétalisés. Lors de sa reconstruction, il y avait donc matière sur ce terrain de construire une école de plein pied avec un bel espace végétalisé si une partie du terrain n’avait pas été cédé à la promotion immobilière, comme l’attestent les photos d’archive ci-dessous :

A gauche, photographie de la maquette de l’école primaire Jean-Jaurès, juin 1981, 13Fi22, Archives municipales de Châtenay-Malabry
A droite, ancienne cour de l’école maternelle Jean-Jaurès, novembre 2014, service communication de la mairie de Châtenay-Malabry

Malheureusement, aujourd’hui, en dehors de cet arbre en plein milieu, la cour de l’école maternelle est totalement minérale, tout comme celle de l’école élémentaire en terrasse, les arbres en fond d’image étant extérieurs à l’école.

Sur la première ligne, deux points de vue de la cour d’école maternelle Jean-Jaurès
En-dessous, la cour en hauteur « sur le toit » de l’école élémentaire Jean-Jaurès
(Source : www.chatenay-malabry.fr)

Enfin que dire de l’école primaire Voltaire ouverte en septembre 2024, pour laquelle la mairie se félicite que le « projet [réponde] aux exigences fixées par la Ville en termes de développement durable, de fonctionnalité et d’intégration dans son environnement ». Aucune information spécifique sur les cours d’école n’est avancée, mis à part qu’elles sont « équipées de jeux ».
(Source : www.chatenay-malabry.fr)

Néanmoins, le projet diffusé sur le site Glulam (www.glulam.org) montre bien que la végétalisation des cours n’est pas une priorité :

La réalité à l’école Voltaire, c’est qu’il y fait trop froid en hiver et trop chaud en été. En cette dernière semaine d’école durant l’épisode de canicule, les parents eux-mêmes ont dû apporter des ventilateurs pour l’école maternelle, à défaut de les avoir reçus par la mairie !

Certaines communes du Département des Hauts-de-Seine ont conscience de l’urgence et ne se contentent pas de belles paroles ; elles passent à l’action :

A Bagneux, « une attention particulière est portée au bien-être des plus jeunes Balnéolais avec, chaque année, une nouvelle cour d’école végétalisée. » (Source : www.bagneux92.fr)

A l’école élémentaire Guy-Moquet de Malakoff, « conçue comme un îlot de fraîcheur, la cour de type « oasis » est aménagée de façon à répondre aux défis du changement climatique. Végétalisation renforcée, (+ 30%), asphalte au sol remplacé par des matériaux innovants perméables mieux adaptés aux fortes chaleurs, point d’eau source, la cour allie zones de calme, de nature, d’apprentissage et de dépense physique. » (Source : www.malakoff.fr).

Ou encore à Sceaux, « la transformation de la cour de l’école élémentaire des Blagis va contribuer à réduire l’effet îlot de chaleur de l’ancienne cour ». (Source : Magazine ONZE Vallée Sud Grand Paris n°11 été 2025 p6)

Quand verra-t-on enfin un projet de végétalisation des cours d’école à Châtenay-Malabry ?